La conquette de lune d'argent.

Sayanael se préparait à combattre, son énergie déjà libérée de tous ses sceaux et barrières. Mais alors qu'il se préparait à fondre sur l'impudente elfe un cri consternant retentit et des soldats jusqu'alors inconnus émergèrent. Un centurion vint vers lui en criant.

"LA HORDE LA HORDE ! Maitre, il faut faire quelque chose : ils nous ont pris à revers. Notre arrière garde est entrée en confrontation."

Après un grand effort, Sayanael repris enfin le contrôle de son pouvoir. La contrepartie se faisait voir à un œil attentif, ses ongles étaient maintenant aussi recourbés que des griffes de dragon. Sa colère retomba pour laisser place à l'humeur froide et calculatrice qu'il affichait d'habitude. Si la horde attaquait c'est que Lor'themar avait appris son plan. Les gobelins : ca ne pouvait être qu'eux. La plupart de ses gardes le voyaient comme un sauveur et il en était de même pour son état major. Mais cette situation était dangereuse, très dangereuse. Il avait attaqué sans préparer surement ses arrières. Il avait été une nouvelle fois trop imprudent et sur de lui. Il fallait sonner la retraite pour réorganiser ses troupes.

"Première senturie Retraite ! Deuxième et troisième retenez les ! Rappelez le gros des troupes !" L'ordre sec claqua dans un accord parfait la centurie se mit en branle au pas de course et eu tôt fait de s'extirper du front à l'intérieur lune d'argent non sans pertes.

Le haut commandement arrivé, la panique était totale. Les rapports des éclaireurs devenaient de plus en plus alarmants. Les forces de la Horde étaient là en nombre important et plus aucun signaux de vie n'émanaient des bateaux de débarquement ce qui était en soit assez inquiétant.
C'est alors que Sayanael remarqua quelque chose d'étrange. Sa subordonnée n'était visible nulle part. Elle était pourtant restée administrer et combattre avec le gros des troupes pourquoi n'était elle pas venue ? Un brancard fut amené peu de temps après et les pré sentiments de Sayanael le frappèrent de toute leur réalité la plus crue. Sur la couchette gisait Aedana, un flèche logée dans la poitrine, respirant difficilement. La mort n'était plus très loin, juste une question de secondes.
Sayanael sans un mot s'agenouilla et lui pris la main. Un pâle sourire se dessina sur les lèvres fines de la jeune mourante, où perlait une goute de sang vermeil. Elle utilisa ses dernières forces pour lui caresser une ultime fois le visage et son bras retomba, inerte et sans vie. Une chape de plomb tomba sur l'état major au grand complet. Tous sortirent de la tente montée à la va-vite à l'entrée de lune d'argent. Une immense tristesse s'insinua en Sayanael, mais bizarrement il n'arrivait plus à se laisser aller aux larmes comme il l'avait si souvent fait par le passé. Il aurait voulu se décharger du poids de la tristesse qui l'écrasait, mais c'était impossible, l'émotion s'estompait. Elle ne disparaissait pas mais se logeait insidieuse dans son esprit se mêlant aux désirs de vengeance et à la soif de sang. C'est alors qu'il compris : Son mental devenait celui d'un dragon. Accablé par cette découverte et la mort de sa compagne il ressorti de la tente et fit signe à l'état major d'entrer. Comme si de rien était il commença à leur parler. L'admiration se lisait clairement sur leur visages. Ils rassemblèrent toutes les troupes disponibles. C'est à dire les 70% de l'armée. Le reste servirait à barrer la route à la horde.
Désormais, les défenses se situaient à l'entrée de lune d'argent. Coincé entre deux feu Sayanael jouait sur un pari risqué mais inévitable. Il ne voulait plus reculer.

Cependant, il devait inhumer sa compagne et son plus fidèle lieutenant. Il s'adressa alors à son armée pendant la confection d'un brasier destiné à incinérer le corps d'Aedana et ainsi de lui permettre de libérer son âme pour rejoindre l'éther.

"Mes frères, mes sœurs, mes amis. Il nous faut tenir cette entrée et essayer à tout prix de gagner le centre de Lune d'argent. En la gloire de nos frères et sœurs étant tombés, en la gloire de ceux qui jadis se sont dressés contre la tyrannie, il nous faut réussir. Sachez que L'organisation ne mourra pas quoi qu'il arrive. Tant que je serais toujours en vie, qu'il y aura des membres en vie, notre ordre ne saurait péricliter. Pour gagner il nous faut la mort de Lor'Themar. Celui-ci se trouve comme vous le savez à la flèche de solfurie. Nous allons nous battre comme jamais pour arriver à ce but. Maintenant Observons une minute de silence en l'honneur de ceux et celles qui sont mort aujourd'hui."

Une minutes passa. Sayanael n'y tenant plus lança l'assaut. Une immense clameur s'éleva de ses hommes. Après tout avec la mort d'Aedana il n'avait plus rien à perdre. Le beau discours était dit, il restait maintenant à gagner ce combat.

Un succès.

L'armée très organisée de Sayanael commençait à partir en débâcle. L'orc avait compris comment elle fonctionnait, et la mécanique semblait implacable, en théorie. Cependant, tout marchait si l'arrière garde restait l'arrière garde, si le front n'était pas divisé, et si les attaques aériennes n'existaient pas. En gros, il avait trouvé l'organigramme parfait pour une bataille frontale. Mais encerclé, ce pauvre général ne savait plus où donner de la tête. Et encore, il ne devait pas savoir que ses troupes de réserves épongeaient la rage Amani.

Après une minute de réflexion apparemment infructueuse, il choisit l'option " Abattoir ", preuve qu'il avait séché. Son avant garde chargea la ville, s'engouffrant dans une mort certaine. Chelanwan'Thor et quelques gradés observaient le terrains et les mouvements adversaires sur une petite colline, non loin de la Malbrèche. Leur assaut avait sonné le glas du traître, parfaitement mené, très peu de perte, une action rapide, simple, et efficace.

Comprenant qu'ils devaient être les chefs de l'armée, un archimage sindorei se téléporta à eux et s'inclina, redevable à vie. Il expliqua brièvement que le gibier fonçait sous les archers. D'ici quelques minutes, il pleuvrait, et le sang inonderait la ville. Et pourtant, goutte à goutte, de nouveaux soldats déferlaient dans la cité, inexorablement.

" Sa stratégie est de nous faire tomber en panne de flèches ou quoi ? " s'exclama le mage

Le temps passa, et plus personne ne rentra dans la ville, ou vraiment que des petits groupes, épars.

" Ils ne vont pas tarder à fuir, commença un orc
- Ou apprendre d'ici peu que leur arrière garde est tombée sous l'assaut troll.
- Il ne faut pas qu'ils sortent, nous devons éradiquer toute résistance à la Horde, et montrer qui nous sommes, lança un autre orc, surement un vétéran.
- Archimage, vous pouvez détruire le haut de la muraille, dans le trou de la porte, et si oui, vous pouvez téléporter des personnes avec vous ?" demande Chelanwan'Thor

Les réponses furent affirmatives. A une distance respectable, l'elfe commença à psalmodier. Au dessus de l'immense chambranle, la pierre se fissurait. Les renégats les plus lâches avaient fait demi tour et ne prenaient pas la peine de faire attention à la poussière qui suintait au dessus des ruines de la porte en bois. Quelques uns passèrent, mais de gros blocs de caillasse tombèrent rapidement sur les fuyards. Un dernier courageux s'avança, fuyant la mort citadine. Il trébucha sur un pieu géant, et un bloc lui tomba sur les jambes. Le cri se répercuta dans la plaine vidée de vie. Il vomit, sang et dernière ration, et tenta de chercher son épée tombée plus loin pour mettre fin à ses jours, sans souffrance. La chance ne lui souriait pas, sa main tendue ne récolta qu'une pierre. Le cri se tut quelques interminables secondes plus tard.

L'archimage avait blêmi devant ce glauque spectacle dont il était l'auteur. Mais il téléporta comme convenu une partie de l'armée, commandée par Chelanwan'Thor, à l'intérieur, tandis que les autres s'occupaient des vainqueurs de la bataille plus au sud, trolls ou elfes.

Le palais respirait le luxe, mais les orcs sentaient la transpiration, la crasse et le sang. Ils sortirent et virent alors le résultat de la tempête de flèches. Dans la rue principale, longue et large, les corps en armure dallaient le sol. Le liquide vitale vermeille s'écoulait dans les égouts, bouchés par les organes et les armes. Les murs blancs avaient fait le bonheur d'enfant dessinant des pétales de rose, art abstrait qu'est la maternelle.

Un massacre.

Et pourtant, mules aveugles, ils continuaient d'espérer. Croire pouvoir traverser l'orage, attirant la foudre par leur simple présence, se noyant sous la pluie. Ils pataugeaient dans les corps, drôle de marécage.

Une aura verte surréaliste éclairait la ville. Antique magie des morts amenant la fin des protections arcaniques. Les elfes chantaient nus sous la pluie, inconscients. En s'approchant du champ de bataille, l'odeur parvint au nez de l'orc. Le sang, habituel source d'adrénaline de sa race, l'écœurait au plus au point. Il en respirait des particules, et il y en avait tellement, que ça puait. Puis se furent les cris des traîtres surprit de voir leur fin, douloureuse très souvent. Et enfin un son plus rauque, plus grave, presque imperceptible à sa distance. Les archers trolls vomissaient de dégout depuis leur balcons et autres perchoirs. Une Juliette refoulant une foule de Roméo belliqueux, avec fracas et déglutissements malsain.

L'acte venait de se terminer, ou presque. Seuls quelques fous, tentant un morceau de bravoure, remontaient sur la scène, saluer le public et recevoir les roses. Sayanael devait se trouver dans ce tas de cadavre, où il avait trouvé un moyen pour fuir. Et Chelanwan'Thor se trouvait devant l'armée elfe, simple providence selon certains, signe selon d'autre. Il ne voulait plus qu'une chose, la tête de celui qui avait ouvert le robinet, pour le fermer.

La taille de ses troupes rétrécissait comme une peau de chagrin, bientot Sayanael fut obligé d'envoyer ses trois dernières centurie de soldats normaux vers le front.
Le désespoir s'abattait sur lui mais il n'en laissait rien paraitre. Il devait réaliser un plan de secours pour se sortir lui et ses quatre dernières centuries de troupe d'élite de ce bourbier. Petit à petit un plan se formait dans son esprit tortueux.

Sur le front.

La bataille stagnait d'un coté comme de l'autre. Enfin, stagnait.... elle se prononçait clairement en défaveur de Sayanael mais la ligne de front n'avançait pas .... pour le moment. Le sol au paravent tapissé de soie rouge et or était maintenant jonché de flèche et s'était imbibé d'une quantité assez impressionnante de de liquide couleur vermeil. L'assaut de la horde avait cessé, les combattant renégats attendaient avec anxiété et rage le prochain assaut. Les ordres et le bon sens était clair : il ne servait à rien de se rendre il fallait combattre jusqu'à la mort. Il n'était pas question de revenir vivre la même vie qu'avant, sur les terres du haut soleil. Aiguisant leur lame une ultime fois, les guerriers elfes attendaient l'heure fatidique où ils devraient faire gagner du temps à leur maitre.

Bazar de Lune d'argent.

Le dernier endroit encore contrôlé par l'organisation était le bazar. Ces imbéciles trapus et verts qu'étaient les orcs devaient penser qu'il était coincé.
Anthagor, le dragon regarda son maitre et vit avec satisfaction que l'espris de celui-ci, depuis ses derniers efforts avait changé, la logique de l'elfe n'était plus la même, plus vicieuse qu'avant, plus reptilienne. Anthagor ne regrettait pas d'avoir donné son cœur à ce jeune elfe faisant ainsi de lui son maitre. Les pouvoirs le transformaient et feraient de lui le prochain successeur de Canygosa. La seule chose inquiétante était la force de caractère de cet elfe, enfin, Malygos devait avoir ses raisons...

Sayanael rassembla ses quatre centuries d'élite et fit signe au dragon de le suivre. Arrivé au mur du fond du bazar, il leur expliqua son projet.

" L'heure est grave, nous devons fuir affin de pouvoir survivre et de revenir un jour sauver notre peuple qui souffre. Anthagor, je vais faire exploser le mur pour que nous puissions passer et fuir par la malebrèche toi tu gardera le passage, ne laisse passer personne."

Anthagor le regarda d'un air mauvais, cet elfe l'envoyait vers une mort proche, mais les ordres de Malygos était clairs, il devait obéir à cet elfe., Il indiqua d'un balancement de son énorme tète qu'il acceptait et avait compris.

Sayanael rassembla pour la deuxième fois en moins de sept heures toute la puissance qu'il pouvait accumuler et déchargea sa magie contre le mur du fond. Tout d'abord il ne se passa rien, puis une lézarde apparu, puis une autre, enfin le mur s'écroula laissant un espace assez large pour qu'un dragon puisse tout juste passer.
Laissant le dragon en plan, Sayanael conduisit ses dernières troupes dans la malebrèche, l'endroit n'était pas dénué de danger, peuplé de goules et de squelettes l'endroit était plutôt dangereux, enfin dangereux pour qui n'avait pas la capacité d'exorcisme. Tous ses soldats avaient reçu de lui l'enseignement de la lumière, ils n'étaient donc pas inquiétés par les créatures qui fonçaient vers aux par groupes éparpillés et très peu efficaces. Bientôt leurs assauts cessèrent, les morts vivants avaient sans doute repérés une chose plus vulnérable et moins dangereuse un peu plus loin.
Sayanael fit accélérer le pas de ses soldats les menant droit vers les maleterres, pas question de rejoindre les bateaux, il ne ferait dorénavant plus confiance aux gobelins. Un long voyage se profilait pour lui et ses troupes. Ils devaient à tout pris rejoindre Stromgarde, le seul endroit où il pourrait réorganiser ses troupes. La horde le poursuivrait surement mais ils seraient considérablement ralentis par les morts vivants qui pullulaient dans la malebrèche.